Chronologie d'une cité médiévale Monestellum qui n'échappe pas aux règles de la renaissance démographique, agricole et commerciale des XIe et XIIe siècles qui transforme les bourgs. En effet, les villes sont souvent situées dans des endroits stratégiques comme un estuaire, un cours d'eau navigable, un dernier pont avant l'embouchure d'un fleuve, un carrefour, des routes de commerce ou de pèlerinage. Dès le Xe siècle, des bourgs se développent à côté des cités, autour d'une riche abbaye ou près des remparts d'un château. La ville est séparée du monde rural par l'enceinte fortifiée, quelquefois renforcée par un château fort où sont installés les soldats du seigneur. L'enceinte est percée de portes fortifiées, le plus souvent munies de deux ponts-levis (un pour les piétons, un autre pour les chariots et les cavaliers). Le soir la ville s'enferme derrière ses murailles. Les voyageurs attardés doivent rester dehors. Cela favorise la création d'auberges et d'hôtels avec les bâtiments pour les bêtes à l'extérieur aux portes des villes : ce sera le début de la formation des faubourgs.
A la fin de la période de l'Empire romain et le début du Moyen Age, Monestellum va voir son histoire se développer. Ingertrude fille de Clotaire Ier et Waldetrade sa sixième femme, tante du roi Gontran, s'étant retirées à Tours en l'an 565, jetèrent dans ce temps les fondements d'un monastère de filles auprès de l'église de Saint-Martin Sancta-Maria de Scriniolo (abbaye chef d'ordre). L'abbaye est transférée en 1002 à Beaumont par Hervé de Buzançais, trésorier de Saint Martin, un homme aussi pieux qu'opulent. Le Prieuré de Mennetou va dépendre de Beaumont. Les moniales bénédictines auraient été instituées au VIe siècle par Sainte Scolastique, une fédération de monastères ayant adopté la règle de saint Benoît.
Note: Menetou, Ménétrol, Monastériolum, Monastériolo, Monastellum ne prouve rien quant à leurs origines latines. Cela ne prouve qu'une chose, c'est que l'Eglise catholique romaine pour effacer la mémoire du culte païen existant jadis en ces lieux, les a colonisés, les a débaptisés, puis leur a donné de nouveaux noms à consonance voisine, conformes au dogme.
"À l'école de sainte Scolastique, apprenons que parfois l'amour dépasse la règle. Les règles de vie, les lois, sont importantes pour donner des repères objectifs, pour organiser une vie communautaire harmonieuse ; mais parfois, pour être juste, elles doivent être dépassées. On doit alors, pour être pleinement fidèle à la règle, aller au-delà de la lettre pour ne pas en trahir l'esprit, pour aimer davantage." Plusieurs filles de qualité se rangèrent sous leur discipline, entre autres Berthoflède, fille du roi Caribert. L'abbaye dépendait pour le temporel du chapitre de la collégiale Saint-Martin de Tours.
Carte du Xe siècle
La ville de Mennetou fut incendié en 853, les monastères subsisteront jusqu'à ce que, les Normands les détruisent en l'an 873 en même temps que ceux de Selles sur Cher et de Dèvres. Dès lors les religieuses furent transférées à l'abbaye de Beaumont les Tours, voir l'illustration. Elles possédaient 12 prieurés. Inclus dans la province du Berry qui s'étendait au nord, bien au-delà du Cher, Mennetou appartenait au Xe siècle à la maison de Vierzon. Vers 980, Humbault le Tortu ou le Tort est mentionné seigneur de Vierzon à la fin du Xe siècle. Il est mandaté par Thibault le Tricheur, comte de Blois, pour construire une forteresse au sud de la Sologne à Vierzon. L'inféodation de Humbault au comte de Chartres fait passer Mennetou dans le giron des comtes de Blois-Champagne. Au commencement du XIe siècle, Mennetou est habité par Geoffroy, fils de Humbaud le Tortu et frère de Humbaud le Riche. En effet une charte non datée, mais qui doit être de 1025 environ, nous dit que ce seigneur atteint d'une très grave maladie à Mennetou et désireux de mettre en paix sa conscience, fit venir les chanoines de Saint-Eusice qui avaient eu fort à se plaindre de lui, et qu'en présence de sa femme Béatrix et de ses enfants, Arnoul, Humbaud, Guillaume et Adèle, il leur demanda humblement pardon. Les seigneurs de Vierzon avaient donc dès lors une résidence à Mennetou. La région est en effet située aux limites méridionales du comté blésois et se trouve proche du duché ennemi d’Anjou.
Sans faire partie de l'histoire directe de Mennetou, mais de l'existence des Bénédictins en Terre Sainte, une charte de 1172 par laquelle Hervé Ier, seigneur de Vierzon pour le repos de l'âme de son père et de sa mère et pour son propre salut, donne à Dieu et à l'Hôpital* de Ville-franche tout ce qu'il avait défriché, planté et édifié sur la terre qui s'étend de la route de Romorantin à Langon et à Port-Martin. Parmi les témoins de cette donation, figurent, du côté des Hospitaliers, Frère Gautier, Frère Barthélémy et leur chapelain Renaud. Le même Hervé, par son testament fait en 1196, au moment de mourir, « cum in extremis laboraret, » lègue aux Hospitaliers cent livres, ses armures et la rente qui lui est due sur l'étal des boulangers de Vierzon. C'est Hervé Ier qui introduisit le monnayage à la fleur de lys. A cette même période, selon les historiens, Richard Cœur de Lion, en 1196, marcha contre Guillaume 1er, seigneur de Vierzon, la forteresse de Mennetou dut être assiégée, sinon prise par le monarque anglais. *Le Chapitre Général Hospitalier: Les principaux dignitaires de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem au couvent, siège de l'Ordre.
En 1206, Hervé II confirma, par charte datée du mois de février, une donation faite par Renaud Meners, chevalier, et sa femme Marie à l'abbaye de Beaumont et au prieuré de Mennetou, où leur fille Arsenbore était religieuse. En 1213 le même Hervé convint l'abbesse de Beaumont, et Denise, prieure de Mennetou, qu'une congrégation serait établie à perpétuité dans la maison de Mennetou et fit à cette maison d'importantes donations. Il l'enrichit d'un seul coup en le dotant de 100 sols de rente sur son four de la Ferté-Imbault et de 100 sols aussi de rente sur le moulin du même lieu ; mais à charge par l'abbesse de faire célébrer chaque année son anniversaire, celui de sa femme Marie et de sa première femme Mathilde, celui de ses père et mère, de dire chaque jour une oraison pour lui et pour sa femme pendant leur vie et après leur mort, une collecte à chaque messe et une oraison publique le dimanche. Dès lors, Hervé II reconstitua l'ancien monastère de filles auquel il donna ses dîmes de Lury, du Mesnil, de Theillé et différents autres biens. Hersende de Vierzon femme de Guillaume II de Linières, fit plusieurs dons importants aux religieuses de Mennetou sur Cher en 1216, 1226, 1227. Il résulte de tout ceci que le prieuré existait depuis l’antiquité et qu'il fut seulement augmenté et enrichi par Hervé de Vierzon, qui le rendit conventuel.
"1520, le Royaume de France est ravagé par les guerres civiles, militaires, religieuses." Photo ancienne du XIXe siècle de Mennetou, le montage et les effets sont de l'ordre de l'aléatoire non historique.
Sous le règne de Philippe II, Hervé II fait tout d'abord creuser des fossés au nord (actuelle rue des Fossés). La fortification, sur le modèle de celle de Vierzon, se poursuivra tout au long du XIIIe siècle. Les matériaux de construction seront pris sur place. Le sous-sol fournira les pierres et le Cher le sable. La modestie de l'ouvrage (350 m de long - 250 m de large) ne le rend pas moins efficace. Cette forteresse était entrecoupée par 5 tours rondes composées de 2 étages défensifs avec meurtrières. On y pénétrait par 3 portes de plan carré. Ces tours étaient placées aux angles saillants de la ligne de fortification et complétaient avec les portes et le château, la défense de la ville. Elles sont aujourd'hui légèrement enterrées, mais il ne semble pas que les fortifications donnaient autrefois partout sur des fossés remplis d'eau. Au nord, le fossé n'était pas plus profond que le niveau actuel du Sol, car, en établissant la ligne de chemin de fer, on a retrouvé, à quelques centimètres de profondeur seulement, deux souterrains qui, partant des caves d'une maison voisine de la porte du nord, passaient sous le fossé, à hauteur de la brèche, et aboutissaient au château voisin de La Yeillère, à 1 kilomètre 300 au nord-est de Mennetou. En 1269, dans un acte de confirmation par Hervé III des libertés de la ville, Mennetou est traitée de ville forte : «castellum de Moneto, vel intra banleugam » . Ainsi armée, Mennetou ne fut pas prise très souvent. Toutefois les Monestois, à qui Hervé II avait confié la défense de la ville dans une charte d'affranchissement de 1213, ne purent résister aux Anglais. La garde des remparts était assurée par les habitants. Mais ceux-ci se déchargeaient bien souvent, dans les villes forte, de cette tâche sur des soldats de métier qu'il fallait payer. Avant de tout quitter pour entreprendre le voyage de Terre Sainte, Guillaume II, de la lignée des Seigneurs de Vierzon (on voit son blason à Versailles dans la galerie des Croisades) règle une foule d'affaires temporelles: En 1247, il affranchit les habitants de Vierzon et quelque temps après ceux de Mennetou-sur-Cher (voir seigneuries et les droits). Après la mort en 1270 d'Hervé III, seigneur de Vierzon, Jeanne, son unique héritière, épousa Geoffroy de Brabant ; elle lui apporta la seigneurie de Mennetou ainsi que le constate une charte de 1284 mentionnant une transaction avec la comtesse de Blois.
De cette époque datent les parties les plus anciennes du château ainsi que des fortifications commencées peut-être quelques années auparavant. Le village conserve 3 portes d'entrée de plan carré, 3 tours rondes défensives ainsi que des fragments du mur d'enceinte. Ses rues et ruelles au noms évocateurs (rue des trois rois, d'enfer et de paradis...etc) sont bordées de nombreuses maisons à colombages des XVe et XVIe siècle. Le village possède encore sa grange aux dîmes de style gothique angevin du XIIIe siècle. Les monastères et leurs dépendances ont beaucoup souffert des destructions post-révolutionnaires et peu d’entre eux offrent encore une emprise topographique bien lisible et des bâtiments bien préservés. On peut distinguer deux grandes familles de monastères d’origine médiévale : les abbayes bénédictines et les maisons des ordres fondés. Le Prieuré médiéval de Mennetou sur Cher et les maisons de l'abbaye, dont le réfectoire et la grande salle sans doute surmontée du dortoir, s'appuyaient sur le mur de ronde. Il n'existe plus rien que la construction dite le prieuré, qui touche à la porte Bonne Nouvelle. La Porte Bonne Nouvelle, construite peut-être un peu postérieurement, est plus large que les deux autres, car le passage intérieur mesure 4m20 au lieu de 3m50. Elle était protégée par un ouvrage avancé; le long du prieuré, près de la porte, on voit le départ vers l'est d'une arcade, large d'environ 2m25, et de l'autre côté d'une ruelle bordée par un mur épais, un départ d'arc semblable qui devait se réunir au premier pour établir une communication entre le prieuré et la barbacane* (voir illustration) . *un petit ouvrage de fortification avancé, le plus souvent de plan circulaire, qui protégeait un passage, une porte ou poterne, et qui permettait à la garnison d'une forteresse de se réunir sur un point saillant à couvert Peut-être cette arcade* (voir photo du mur du Prieuré) pouvait-elle être coupée pour isoler Mennetou de l'ouvrage avancé. Cet ouvrage comprenait sans doute, outre une chapelle dite de Bonne-Nouvelle, un îlot de constructions entouré d'un épais mur de défense, dont on retrouve les restes près de la porte de Bonne-Nouvelle et à environ 70 mètres vers l'est, le long de la route de Vierzon, près des débris d'une ancienne porte que l'on fit sauter pour faire la route. On reconnaît encore dans ces débris le côté nord de la porte percée dans une tour carrée et semblable à la porte d'en-bas; l'arcade intérieure portait sur trois corbeaux moulurés. Cet ouvrage avait donc dans son grand axe environ 60 mètres et s'avançait en triangle vers Vierzon, protégeant ainsi le prieuré et les maisons adossées au nord de la porte de Bonne-Nouvelle, contre les fortifications. Les courtines, d'une épaisseur moyenne de 2 mètres et hautes d'environ 12 à 15 mètres en certaines parties, sont faites de moellons et de pierres carrées noyées dans du mortier, tandis que la base des portes et les parements des tours sont en gros appareil mesurant environ 0m50 sur chaque dimension.
Pan coupé du Prieuré médiéval
Une grande partie de la façade du Prieuré avec sa tour à meurtrières et son pan coupé est prise dans le mur d'enceinte plus ou moins retouché au XVIe siècle et à l'époque moderne. On aperçoit les traces de l’échauguette* crénelée qui renforçait le pan coupé ci-contre. * Petit ouvrage d'un château-fort médiéval, en bois ou en maçonnerie qui couronne le décrochement d’un mur de fortification ou les coins d’une tour carrée et permettant de surveiller les abords.
A l'intérieur du prieuré, un couloir, voûte en berceau brisé et formant un chemin de ronde couvert appartient aux constructions du XIIIe siècle. Le prieuré de Mennetou fut largement doté au cours des siècles pour atteindre son apogée au XVIIe siècle. Composé des appartements de la prieuré (restes actuels), de dortoirs, salles de travail et réfectoire, le corps du logis s'étirait au sud sur environ 25 mètres pour venir buté contre le château (emplacement actuel de l'Auberge de la Tour). Adossé à la muraille, les 16 petites chambres des bénédictines n'avaient de vue que sur l'intérieur de la ville.
En 1356 en pleine guerre de 100 ans que Mennetou tombera dans les mains anglaises du Prince Noir. Le Prince Noir, fils du roi Édouard III d'Angleterre décide de passer la Loire. Venant d'Aquitaine, il pille bon nombre de villes et villages sur son passage. Il s'empare de Mennetou au début du mois de septembre 1356 et y installe ses garnisons. Il se replie à Vierzon avant de s'en prendre à Romorantin qui tombera aux mains des Anglais fin septembre. Du Guesclin ne libérera définitivement Mennetou du joug Anglais qu'au cours de l'an 1370.
A nouveau, les Anglais en 1429, avaient passé le pont de la Sauldre, s'étaient approchés de Vierzon et avaient jeté des garnisons à Lury, Lormeteau, Mennetou et Ardeloue; ils enveloppaient la ville mais n'avaient pu s'en emparer avec de simples détachements d'avant-garde; d'ailleurs elle était bien défendue car c'était alors une place importante d'où s'expédiait, une partie des secours envoyés à Orléans ; aussi s'était-on occupé depuis quelques années déjà de la mettre en état de défense. Début mars 1429, Jeanne d'Arc, vêtue d'une robe courte en toile grise et rugueuse, un capuchon noir enveloppe ses cheveux encore longs, galope à travers la Sologne pour joindre Charles VII (sur Chinon). Sa troupe franchit la Loire et parcours l'itinéraire: Nouan le Fuzelier, Saint-Viâtre, Mennetou du 3 mars au 4 mars 1429 et Sainte Catherine de Fierbois. Selon toute vraisemblance, Jeanne d'Arc aurait dormi au Prieuré, au dernier étage de sa tour, au sein du monastère des Bénédictines. Note: Il y aurait eu, entre Vierzon et Méry, un autre engagement, dans lequel les Anglais furent battus. En souvenir de leur victoire, les habitants de ces deux paroisses plantèrent ensuite, sur le lieu de la lutte, une croix, appelée la Croix du Combat, puis par corruption la Croix de Corbat. (M. S. B. 93.) Cet engagement a pu se produire au moment du siège d'Orléans, car l'ennemi occupait alors les places de l'Ormeteau et de Mennetou, et un pré à Méry portait, en 1590, le nom de Pré-Talbot. Suite à la fin de cette guerre, le pays était dans un état de désorganisation, le 19 mars 1430, la garnison de Mennetou de son côté continuait à causer les plus grands dommages à la paroisse de Vierzon et la ville, la garnison traitait les habitants en pays conquis, brisant et cassant tout. Le 11 mai 1452, Mennetou passe de la maison de Vierzon à celle de Linière. Godemar de Linière, dit le jeune, est le premier qualifié du titre de Seigneur de Mennetou.
Depuis 1520, le Royaume de France est ravagé par les guerres civiles, militaires, religieuses notre cité médiévale n'y échappe pas. En mars 1564, débute un grand tour de France organisé par la reine mère, pour montrer le roi à ses sujets et faire connaître son royaume au roi. Il permet aussi de pacifier le Royaume. Charles IX accompagné de Catherine de Médicis, traversent le Berry et dînent à Mennetou le 16 décembre 1565. Ils dormiront le même jour sur Vierzon.
En 1564, sous la prieure Olive Davot, le prieuré adopte la règle réformée des bénédictins de Chezal-Benoît dans le Berry.
Claude de La Châtre seigneur et baron du fort La Maison et entre 1569-1588 gouverneur du Berry, était l'un des officiers catholiques dans cette troisième guerre des religions huguenotes (8 conflits). En novembre 1569, les forces catholiques entrent dans cette ville, alors protestante, par surprise et s'emparent des armes, des chevaux et des bagages. Sieur Pataudières tentant de bloquer l'attaque, à la tête de sa compagnie de chevaux-légers, voulut résister, mais il était trop tard. Il réussit du moins à se barricader dans une maison. Sa défense y fut si opiniâtre que Claude de La Châtre abandonna la lutte pour marcher à d'autres entreprises.
En 1590, lors des troubles de la Ligue (ligue catholique), le Baron de Montigny partit de Sancerre avec deux pièces de canon et sept cents hommes, pour assiéger Mennetou, protestante, défendu par le capitaine La Veille. Deux ou trois ans plus tard, la ville ouvrit ses portes à M de Lignerac, qui tenait pour les Ligueurs (catholique). La garnison se réfugia dans le château, où elle ne put être forcée.
Les dîmes de Lury furent conservées par le prieuré de Mennetou jusqu'au 20 novembre 1610 ; à cette date, la congrégation les vendit avec une autre dîme assise en la paroisse de Saint-Pierre de Jars, à prendre sur la métairie de Breuillebault pour un quart seulement, appelée la dîme de Breuslabault, moyennant 850 livres. En 1632, sous le ministère de la prieure Gabrielle-Gillier de Puygareau, juste nommée par l'abbesse de Beaumont, il y avait 23 religieuses.
Devant le renouveau religieux du XVIIe siècle, nos bénédictines se trouvèrent rapidement à l'étroit, des travaux d'agrandissement du dortoir et de restauration de diverses salles sont réalisés au printemps 1663. En 1686, la prieure Angélique d'Orléans de Rère et les bénédictines deviennent propriétaire du château des Seigneurs de Senneterre (restauré par les Vaudenay et les Leloup). Le couvent s'étend ainsi de la tour du Prieuré à la porte d'en bas, leur domaine représente alors le quart de la ville englobant l'église dont la petite nef au sud sert de Chapelle aux religieuses. Le château était déjà en fort mauvais état au XVIIe siècle ; il fut acheté pour la somme de 4.200 livres (environ 97 000 euros), par les religieuses qui y installèrent leur infirmerie et leurs greniers ; mais, vu l'insuffisance de leur revenu, elles ne consacrèrent à son entretien, dans le cours du XVIIIe siècle, que des sommes dérisoires. La communauté acquit en 1699 les droits honorifiques et de prééminence de la paroisse de Mennetou. Au XVIIIe siècle, la communauté, très pauvre, comprend 28 religieuses : 17 "professes" ayant prononcé leurs vœux, 1 novice et 6 "converses" employées aux travaux domestiques et exclues des ordres sacrés.
En 1689, titres de propriété de et par la ville de Mennetou, de la Chapelle de Notre Dame de Bonne Nouvelle. Constitution de rente au profit de la Chapelle.
Gravure révolutionnaire d'un nom d'origine du Finistère sur un mur du Prieuré.
En ce qui concerne le château, le Prieuré ainsi que l’ensemble des constructions, la Révolution et le XIXe siècle ne furent guère favorables à leurs préservations. Le descriptif des propriétés lors des ventes en bien national (1791/1792) nous indique un état de délabrement avancé, preuve s'il en était de la pauvreté effective du couvent à l'aube de ce XVIIIe siècle finissant. Les moins chanceux des édifices vendus comme bien nationaux sont purement et simplement démolis, généralement dans le but de vendre leurs matériaux pour les réemployer. C'est ainsi que de nombreux édifices civils ou religieux disparaissent alors, en tout ou en partie. Le Prieuré va échapper à une disparition totale.
Dans cet état, il est difficile de retracer un historique prècis lors de la fin des spoliations révolutionnaires. Avant d’être mis en adjudication, le recensement est effectué par Gabriel Brinet, procureur fiscal et garde du scel, receveur des domaines. Les biens meubles furent vendus le 20 août 1791 et les immeubles au cours de plusieurs adjuducations à partir du 26 juin 1791. Le monastère fut adjugé à Etienne Soupiron, ex-procureur de la Justice de Mennetou. Masselon, aubergiste eut le château le 10 août 1791. Ainsi finit le monastère après plus de mille ans d'existence.
Participants et comparants aux procès-verbaux en 1789 : Jean Soupiron, syndic de la municipalité : Claude Moreau, Etienne Soupiron, Jean Forlort, membres de la municipalité ; Pierre Ardoin, syndic ; Jean Gautrat, greffier de la municipalité ; Raymond Bidault, Germain Dabin, Pierre Poytout, marchands ; Ray- mond Soupiron, tisserand ; Pierre Genévrier, André Carré,- Jean Ger- main, Sylvain Auger, Pierre Retoré, Joseph Simier, Ursin Simier, Luc Ouvra, Antoine Legendre, laboureurs ; Pierre Mordon, Pierre Delisle, vignerons; Sylvain Maquoire, manœuvre; Georges Blanchard, vigneron ; Sylvain Vignault, Marcel Devilion, manœuvres ; François Bidault, Jean et Martin Brossard, tisserands ; Robert Bougereaut, Louis Morlin, vignerons ; Jacques Sabord, maréchal ; Jacques Germain, laboureur ; Jacques Germain, Claude Brosse, manœuvres, Pierre Jaupitre, maître en chirurgie et membre de la municipalité. Députés : Claude Moreau, maître en chirurgie, et Etienne Soupiron, procureur en la justice de Mennetou-sur-Cher.
Entre 1827 et 1834. Le pont-levis de Mennetou est réalisé. Sa charpente a été remplacée entre 1885 et 1888 et le tablier est fixe depuis 1955-1956. En 1906, il y avait encore 65 ponts-levis en bois le long du canal de Berry (sur 209 ponts au total). On peut penser qu'à l'origine il y avait plus d'une centaine de ponts de ce type. Après le déclassement de la voie d'eau en 1955, tous les ponts-levis sont remplacés par des ponts fixes (les flèches sont supprimées). Seul celui de Mennetou subsiste à la demande de la commune qui souhaite que le portique reste en place pour des raisons esthétiques. Ancien pont-levis à flèche en bois dont le tablier fixe est en béton. L'entretoise extrême de la bascule est constituée d'une boite en tôle destinée à recevoir des poids en fonte. La fermeture était garantie par des verrous situés au niveau du chemin de halage et la manœuvre était assurée par les charretiers. Des chaînes facilitaient les manœuvres. Les photographies anciennes montrent des poutres placées en oblique dans le canal et à l'entrée du pont, probablement pour guider les bateaux dans ce passage étroit (2, 70 m). Le tablier placé à 30 cm au-dessus du plan d'eau est bordé de huit bornes en pierre. La flèche mesure environ 5 mètres de haut et sept mètres de longueur.
Le Prieuré appartenait jusqu'en 1922 à Jean Léonce Garrigue (1859/† ?) et Françoise Bru (1862/† ?). Lucien Breitman* en fait l'acquisition suite à sa vente cette même année. *élu conseiller général du canton de Mennetou-sur-Cher en 1930 et maire en 1945. Une grande partie des travaux, au début du siècle dernier, de restauration, de consolidation, de mise en valeur et conservation de certains éléments ont permis au Prieuré d'être encore debout en 2020.
Le château a été condamné par l'agrandissement d'un hôtel voisin. Malgré les efforts faits pour le sauver, il est vendu (6000 francs) et rasé en octobre 1926.
Travaux au début du siècle dernier. Création du futur mur qui entoure le jardin
Hostellerie du Prieuré de Mennetou sur Cher 1950
Le second conflit mondial n'épargne évidemment pas le Loir-et-Cher. Mennetou-sur-Cher se trouve sur la ligne de démarcation. Les allemands vont réquisitionner un bon nombre de bâtiment dont le Prieuré.
Au terme de la guerre 39-45, "Hostellerie du Prieuré" va ouvrir ses portes après une remise en état suite à l’occupation allemande. Malgré les années son intérieur conserve les traces de cet hostellerie. Restauration et chambre pour séjourner à Mennetou. Grâce à Suzon Fourré (chevalier des Palmes académiques) de Mennetou, fille d'Antoine Koern, la physionomie de cette époque est recréée. Le grand escalier en brique et pierre, à l'extérieur, côté canal du Berry, qui n'existe plus, donnant le lieu idéal des photos de baptêmes, mariages...etc. L'ancienne cheminée dans la grande salle, qui n'existe plus également. La grande verrière, sur les coursives, devenait l'entrée du café. Les deux jeunes sœurs vont travailler au service de leur clientèle jusqu'en 1956.
La Place Bonne Nouvelle avec sa Porte de Vierzon et le prieuré