L’abbaye de Beaumont fut fondée et dotée, vers 1002, par le trésorier de Saint-Martin, Hervé, le même qui consacra ses immenses richesses à relever la collégiale détruite par un incendie à la fin du siècle précédent. En 1007, le roi Robert confirmait cette fondation, et de nombreuses donations de seigneurs voisins venaient bientôt enrichir le monastère. Le fondateur l’avait soumis, au spirituel comme au temporel, au chapitre de Saint-Martin de Tours, et à la mort de chaque abbesse, la crosse était déposée, en marque de sujétion, sur le tombeau de saint Martin, où la nouvelle élue venait la prendre. Les archevêques de Tours ne manquèrent pas de réclamer l’exercice de leurs droits de juridiction, et de là naquit entre eux et le chapitre de Saint-Martin une lutte qui, avec des intermittences, dura plusieurs siècles et aboutit au triomphe des revendications archiépiscopales.
Reportage de la Nouvelle République sur les fouilles de l'ancienne abbaye de Beaumont
Les archives de Beaumont doivent assurément avoir été fort riches, car malgré les ravages des protestants au XVIe siècle, un grand incendie arrivé en 1680 et les pertes éprouvées à l’époque de la Révolution, il nous reste encore nombre de chartes remontant au XIIe siècle et où figurent les abbesses du monastère, qui généralement appartiennent aux premières familles de la province. Pour les plus anciennes, nous ne connaissons guère que leurs noms, et il est impossible de nous rendre compte de leur valeur intellectuelle ou morale ; mais à mesure qu’on approche de nous, la lumière se fait peu à peu, et on reconnaît que Beaumont a eu l’heureuse fortune de posséder à sa tête, pendant les deux derniers siècles de son existence, des femmes aussi distinguées par leurs vertus et leurs lumières que par l’éclat de leur naissance. On compte même parmi elles une princesse du sang royal, Louise-Henriette-Gabrielle-Marie-Françoise de Bourbon Condé Vermandois, arrière-petite-fille de Louis XIV et de Mme de Montespan. Cette princesse, qui avait pu espérer un moment devenir reine de France, fit construire au nord du terrain du Petit-Beaumont la belle terrasse encore subsistante, quoique fort délabrée, et Tours lui doit la levée, dite de Rochepinard, qui protège les varennes et le midi de la ville contre les inondations du Cher.
La dernière abbesse, Mme de Virieu, survécut assez longtemps aux orages de la Révolution. Elle est morte à Tours en 1831 dans la vieille maison du XVe siècle, improprement appelée de Tristan, où elle gouverna jusqu’à la fin les restes de son pieux troupeau ; quelques habitants de Tours en ont gardé le souvenir ; la noble et vénérable dame, retirée dans cet antique logis, leur apparaissait comme un débris d’un autre âge.
Source Archives du Clergé série H
Peintre anonyme. Portrait de Madame de Virieu, abbesse de Beaumont les Tours
Marie-Agnès de Virieu, dernière abbesse de la congrégation de Beaumont les-Tours. Fondée au XVIe siècle, l'abbaye bénéficie de privilèges comparables à ceux attachés à Fontevrault et possède un domaine important. Elle compte parmi ses abbesses des personnalités de haut rang. Madame de Virieu succède en 1786 à Nicole de la Guiche et devra faire face aux années révolutionnaires.
Louise-Henriette-Gabrielle-Marie-Françoise de Bourbon, abbesse de Beaumont en 1733. Elle était le septième des neuf enfants de Louis III de Bourbon-Condé et de Louise Françoise de Bourbon (1673-1743), dite « Mademoiselle de Nantes », elle-même fille naturelle de Louis XIV et de Madame de Montespan. ( Source Wikipedia)